En 1982, dans un article au titre en forme de paradoxe, Aron Kibédi Varga affirmait que « le roman est un anti-roman » — autrement dit, que le roman (ou, plus exactement, le roman « moderne ») trouvait son origine, non dans les « romans » du Moyen Âge et de l’Ancien Régime, mais dans les textes qui ont pris position contre le romanesque « traditionnel ». Pour l’essentiel, malgré son caractère apparemment iconoclaste, l’analyse de Kibédi Varga francisait la distinction défendue par la critique anglo-saxonne entre romance et novel, le dernier (sérieux, réaliste) se substituant au premier (conventionnel, idéalisé) à partir de la fin du xviie siècle, avec la triple offensive de Fielding, Richardson et Defoe.